« Je mourrais comme Molière, debout sur la scène politique » avait déclaré Georges Frêche. Le président du Conseil régional du Languedoc Roussillon s’est éteint le dimanche 24 octobre 2010, dans son bureau de l’hôtel de région, à Montpellier. Ce titan controversé avait suscité la polémique, un mois avant son décès, en faisant ériger une statue de Lénine sur la place des grands hommes à Montpellier. Il y a un an, des Languedociens évoquaient le parcours teinté de controverses de leur président.
Le colosse aimait déclencher la polémique et maniait le politiquement incorrect avec une grande éloquence. C’est ainsi qu’il faisait parti avec Ségolène Royal, des présidents de région, connus par les Français. Par ailleurs, « Il disait haut ce que les gens pensaient, compter les noirs dans l’équipe de France, c’est des maths » précisait Mathilde, Perpignanaise. Pour cette déclaration, George Frêche fut exclu du Parti Socialiste en janvier 2007, mais serinait « Je suis socialiste depuis toujours. Je mourrais socialiste. »
« Il est né dans le Tarn, mais il a été Monsieur Montpellier. Merci pour ce Tarnais » déclarait Paul, Montpelliérain. Georges Frêche était diplômé d’HEC et professeur de droit, spécialisé en droit romain avant d’embrasser une carrière politique. « L’empereur de Septimanie », comme le surnommaient ses détracteurs, fut le maire de Montpellier durant 27 ans et le président de la communauté d’agglomération de Montpellier à partir de 2002. En 2004, il quittait la mairie du chef lieu Héraultais, pour se consacrer à sa région. Il laissait ainsi sa place à Hélène Mandroux, candidate du PS qui subit un échec cuisant face à lui lors de « son dernier combat », les élections régionales de 2010.
« Il a fait pas mal de choses pour Montpellier, mais a oublié Sète et Béziers » critiquait Marc, Bitterois. « Il a fait Antigone, le Corum, le tramway, Odysséum et la rénovation du musée Fabre » disait Olivier, qui avait appris la mort de celui que beaucoup taxaient de mégalomane via le réseau social facebook, avant même que l’information ne soit officielle. « Il était plus connu pour ce qu’il disait que pour ce qu’il faisait » signalait François, Toulousain. Les Languedociens, eux, savent ce qu’a accompli leur président pour la région, même si « pour lui la région, c’était surtout Montpellier » confiait Pascal, Sétois.
La verve de cet homme charismatique, à la parole facile, vilipendée par certains, restera à jamais dans la mémoire collective du Languedoc Roussillon. « C’était l’un des deux derniers grands hommes politiques, il avait de l’instruction, une grande maitrise de la langue française et n’était pas toujours politiquement correct » affirmait Justine, Laurentine.
Ce soir, Le Président, le long métrage qu’Yves Jeuland avait réalisé sur la dernière campagne électorale de Georges Frêche est diffusé sur la chaîne Planète +. Il y a un an, après la stupeur et la tristesse, une question taraudait Clémence, Barcarèsienne : « En janvier 2010, il parlait de la tronche pas catholique de Laurent Fabius. La polémique lui servait autant qu’elle le desservait. Existe t-il quelqu’un qui puisse faire subsister la région au niveau national ? » . Un an après, en dehors de la sphère régionale, certains se souviennent de Georges Frêche, mais rare sont ceux qui connaissent Christian Bourquin.