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Dans l’univers de la musique de film…

8 Août

Dans sa tournée mondiale, pour célébrer ses 80 ans, Michel Legrand et son trio étaient lundi soir au théâtre Silvain. Ils se sont unis sur scène à l’ensemble marseillais Una Stella.  

« C’est toute ma vie qui passe ce soir en un instant. Je voudrais vous dire bonsoir », a improvisé Michel Legrand, à la fin de son interprétation de la Valse des lilas. Une vaste promesse tenue, puisque le compositeur qui s’est régulièrement adressé à l’assistance, a retracé sa carrière en paroles et en chansons, en commençant par un jazz endiablé avec l’ensemble Una Stella.

Ces musiciens marseillais que l’équipe de Michel Legrand avait découvert lors d’un précédent concert dans ce même lieu, avec le violoniste Ivry Gitlis, sont issus d’un univers baroque. « On sait s’en échapper avec beaucoup de joie et d’exubérance », a néanmoins indiqué Philippe Spinosi, directeur artistique d’Una Stella.

Le célèbre compositeur de musique de film pourra désormais se targuer d’avoir initié et dirigé « un nouvel orchestre de jazz, composé uniquement de cordes. Ce qui est très rare », a souligné l’octogénaire.

Lorsqu’il s’écartait de son piano, Michel Legrand devenait chef d’orchestre, puisqu’il avait emprunté l’espace d’une soirée la baguette de Philippe Spinosi afin de diriger dix-sept instruments à cordes. Altos, violons et violoncelles vibraient en guise de chœur pour les membres du trio du compositeur qui sont, tour à tour, devenus solistes.

Le premier à se lancer fut le contrebassiste Pierre Boussaguet, qui a repris en solo You must believe in spring. Cette chanson extraite de la comédie musicale Les demoiselles de Rochefort marque l’époque de la collaboration du compositeur avec le réalisateur Jacques Demy, après Les parapluies de Cherbourg.

Le chef d’orchestre a ensuite abordé sa rencontre et sa collaboration avec Miles Davis, pour lequel il écrivit son premier disque de jazz. Plus tard, le trompettiste fera son dernier album avec l’octogénaire. La boucle se referme. Lundi soir, le pianiste virtuose avait choisi Dingo Lament et Dingo Rock, l’occasion d’un solo déchaîné du batteur François Laizeau.

Dans une sorte de galanterie inversée, la harpiste Catherine Michel a clos la série des solos. Elle a d’abord charmé le public, conquis d’avance par le mythique Summer of 42. L’envoûtante musicienne a poursuivi avec un medley réunissant les musiques du film Yentl, spécialement écrit pour elle par son époux. Les yeux rivés sur le déplacement de ses doigts sur les cordes ou sur sa tête posée contre le majestueux instrument, dressé au centre de la scène, l’assistance s’est laissée porter par la mélodie de ces musiques revisitées.

Dans ce gigantesque amphithéâtre à ciel ouvert, entouré d’une multitude de musiciens, Michel Legrand semblait en tête à tête avec le public entre deux chansons ou deux allusions à son âge avancé, qui provoquaient, à chaque fois, les rires des spectateurs. Lorsqu’il a présenté What are you doing the rest of your life ?, écrite pour le film de Richard Brooks The happy ending, il a interpellé l’assemblée. « J’aimerais un jour rencontrer une des vingt six personnes qui ont vu le film », a confessé le compositeur, en regardant fixement l’assistance. Face à l’absence de réaction, il a renchéri, comme pour se rassurer : « Vous ne sortez pas beaucoup non ? ».

Seul, avec sa voix et son piano, Michel Legrand a repris trois poèmes de Jean Dréjac, qu’il a mis en musique. Peu avant la fin de son interprétation de Le vieux costume, le chanteur s’est arrêté pour définir le terme « pardessus qui n’a pas de poches », synonyme de cercueil.

« J’écoute Edith sur un phono. Par hasard un disque en mono. La chanson est de Marguerite… », entonne ensuite Michel Legrand. Il s’interrompt. En prétextant un peu de culture générale, le chanteur livre une explication du texte du poète défunt. Marguerite Monnot était la compositrice d’Edith Piaf, d’où l’enchaînement. Et c’est reparti…

Le pianiste virtuose délaisse son piano et les vingt et un regards fixent ses bras pour être dirigés à nouveau pour Les parapluies de Cherbourg, dernière chanson avant le salut final. Michel Legrand invite son trio ainsi que le premier violon Pietr Ruzicka, pour une révérence emplie de liesse et d’émotion.

Pour le rappel, l’artiste chante Les moulins de mon cœur, accompagné une dernière fois de l’orchestre marseillais et des applaudissements d’un public ravi par la soirée qui s’achève trop tôt.

 Article réalisé pour le journal La Marseillaise, publié le 8 août 2012.

Festejade 2012 : C’était une belle soirée…

6 Août

Michel Fugain a clos, hier soir, les trois jours de festivités de la Festejade, avec un concert endiablé au stade de la Condamine. Fleury d’Aude accueillait la 23e édition de ce rendez-vous des amateurs de bons vins, de spécialités locales et de musique. Chaque soir, touristes et Audois ont pu flâner dans les allées des bodégas avant de se déhancher au rythme des tubes des artistes successifs : Jali et le Collectif Métissé, vendredi, suivi d’une soirée  « Tribute to Boney M », hommage au célèbre groupe, samedi .

Hier soir, les premiers arrivés au stade ont eu un avant goût du spectacle, avec un Michel Fugain, en tenue décontractée, qui répétait sur la scène, avec les musiciens. Plats ou sandwich, saumon, magret, paella, brochettes ou merguez, le choix du menu était vaste et à des prix très abordables. Reste à trouver un place parmi les grandes tablées installées sur le terrain et « Attention, mesdames et messieurs, dans un instant on va commencer »…

Encore attablés ou debout au pied de l’estrade, les spectateurs ont été entrainés par un Michel Fugain, très en forme, et ses chansons connues de tous, tel Un beau roman. « Tout le monde chantait pendant qu’il interprétait la chanson qui lui a permis d’acheter sa maison, sa voiture… », raconte une spectatrice ravie, en référence au préambule de l’artiste. L’ambiance conviviale et musicale – avec un chanteur et compositeur arborant plus de 45 ans de carrière – au coeur d’un stade que foulent habituellement les sportifs a été le gage d’une soirée réussie et appréciée, malgré les quelques courtes pannes d’électricité. 

Fous Chantants 2012 : Chœurs en tête et artistes de cœur…

29 Juil

« Le principe est bien mais je ne m’attendais pas à ça », avouait Rebecca hier soir, à la sortie des Arènes d’Alès. Ce théâtre de corridas accueillait la 15e édition des Fous Chantants d’Alès, à guichet fermé devant 3 500 personnes. Un évènement qui est à l’origine de la chanson Ensemble que Jean-Jacques Goldman avait composé après son passage sur la scène des Arènes cévenoles en 2000 et enregistré l’année suivante avec les ces même chœurs.

Pour la quatrième année consécutive, les Fous recevaient un « ancien de Notre Dame de Paris », après Quasimodo (Garou) et les plus belles chansons québécoises, en 2009 ; Fleur de Lys (Julie Zenatti) et les 3 B : Daniel Balavoine, Michel Berger et Alain Bashung, en 2010 et Esmeralda (Hélène Ségara) et les plus belles comédies musicales, en 2011, place à Phoebus et les plus belles chansons de films. Et pour la quatrième année consécutive, un couple d’artistes était invité puisque la représentante française de l’Eurovision complétait l’affiche. Parmi les spectateurs certains croyaient voir les deux chanteurs se succéder accompagnés des choristes. Sur les trente trois chansons du spectacle, Anggun en a chanté deux et Patrick Fiori a repris quatre des titres de son album hommage au 7e art : Les choses de la vie (2008). Ils se sont ensuite rejoints sur scène pour interpréter en duo La chanson d’Hélène, extraite du film de Claude Sautet. Lors de sa deuxième apparition sur scène, « Patriiick !!! » a été très applaudi. Les spectateurs qui n’étaient pas des proches de l’un des choristes craignent qu’il ne réapparaissent plus.

Les stars du spectacle étaient les 1000 choristes et les chefs de chœur. Après leurs prestations et avant de rejoindre les coulisses, les artistes ont chaleureusement salué ces réalisateurs d’un soir, avec une mention spéciale de la part de Patrick Fiori, au benjamin Florian Martinet. Les chefs de chœur et les membres de l’orchestre des Fous – grimés en héros de film – restent plusieurs années tandis que les choristes se renouvellent. Les Fous Chantants ont débarqué à Alès le 21 juillet pour un stage d’une semaine au Fort Vauban, avant la consécration sur la scène des Arènes. Chacun d’eux a déboursé entre 265 et 380 euros (prix avec ou sans hébergement) pour cette semaine remplie d’ateliers et de spectacles dans le jardin du Bosquet.

Le placement des basses, tenors, sopranos et altos, vêtus de noir ou de blanc dans les gradins à ouvert le spectacle pendant qu’un groupe de cinq chanteurs – non présentés – faisait le show avec des medley ou un hommage au cinéma muet, avec Jean Dujardin recevant l’Oscar. Les chœurs ont ensuite entonné la musique Ameno, extraite du film Les Visiteurs. De Manon des sources à Shrek, en passant par Il était une fois dans l’Ouest, les chœurs ont repris ou revisité les musiques de films, parfois même par le biais de medley. Sobrement vêtus, les choristes ont mis en scène leurs chants avec des accessoires : chapeaux, lunettes de soleil ou écharpes de couleur. L’éclairage a également teinté le spectacle avec des jeux de lumière en formes géométriques. Les chanteurs amateurs ont proposé un spectacle professionnel devant un public statique trois heures durant. Seul le medley Disney l’a entrainé alors que l’interprétation de la musique revisitée du Roi Lion Le cercle de la vie n’avait pas séduit voire dérouté. 

Retrouver plus de photos du concert

Fous Chantants 2012 : Une journée mémorable…

29 Juil

La 15e édition des Fous Chantants d’Alès s’est déroulé hier soir. Retour sur une journée haute en rebondissements…

« Il n’y a plus de places », expliquent les organisateurs dès le début de l’après-midi. Quelques personnes pensaient pourtant pouvoir se procurer des places sans les avoir préalablement réservées. Il reste toutefois possible de se procurer des billets en revente dès 18h devant les Arènes. Les pancartes « J’achète deux places » demeurent sans réponses mais il resterait peut être 20 places. Les quêteurs s’orientent vers un plan B : attendre une heure en plein soleil l’ouverture de la billetterie afin d’être les premiers dans la file d’attente. A 19h, les volets sont toujours clos et les rangs deviennent de plus en plus flous, celui des détenteurs de billets derrière la porte s’étend désormais jusqu’à la moitié de la rue. « 3, 2, 1, 0… Ouais !!! », les Arènes ouvrent…

Photo : Caroline Nourry

Patrick Fiori est « sympa », « simple », « accessible » et a gentiment posé avec une agent de la sécurité. Dans la matinée, le chanteur a pris un bain de foule avant la répétition, en sera t-il de même ce soir ? Il doit arriver, avec Anggun à 21h20 et certains se lancent dans une attente qui se révèlera interminable. Dès 21h, les choristes envahissent le parking des Arènes, c’est l’heure des derniers encouragements de leurs proches avant leur prestation. Leur point de rendez-vous est également le seul accès pour les voitures des artistes. Le ciel s’assombrit, les choristes sont invités à laisser le passage libre pour le convoi qui s’apprête à arriver. Se dresse alors une sorte de haie d’honneur noire et blanche. Tout sourire au volant d’une voiture, Patrick Fiori, la traverse, ralentit et salue la foule avant de s’engouffrer des les coulisses faites de cannisse au travers de laquelle il est facile d’épier les bénévoles. Dans la voiture suivante, Anggun, côté passager, salue également les choristes amassés le long du passage. Tout s’accélère, les choristes doivent s’aligner face au panneaux correspondant à leur tessiture avant d’entrer dans les Arènes.

Dans les gradins, l’attente n’est pas plus distrayante. Les derniers arrivés invectivent les personnes déjà installées, notamment du côté des emplacements les plus prisées, face à la scène. La lutte pour conserver la place d’une personne partie aux toilettes ou à la buvette est féroce. Pendant les trois heures de concert, il est impossible de quitter sa place, les escaliers sont bondés. Certains spectateurs sont même debout en haut. L’installation était moins rude en bas des Arènes où des chaises numérotées étaient installées.

L’amabilité et la gentillesse des agents de la sécurité ont compensé les déboires des spectateurs alésiens.

Retrouver également le compte-rendu et les photos du concert.

Festival MIMI : De New York à Wellington…

10 Juil

Le festival MIMI a investit l’île du Frioul, pour la 27e édition, du 6 au 8 juillet. Chaque soir, les festivaliers ont rejoint les concerts en bateau, depuis le quai d’Honneur jusqu’au Frioul, puis à pied, depuis le port jusqu’à l’hôpital Caroline. Le retour, à la lueur des téléphones portables et des lumières de la ville de Marseille, au loin, s’est révélé hautement épique. 

Les « ovnis » d’Orchestra of spheres ont enflammé la scène de l’hôpital Caroline samedi soir. Repéré aux Transmusicales de Rennes, le groupe néo-zélandais a fait vibrer l’assistance avec des polyrythmiques psychédéliques et cosmiques. Lunettes de soleil et tenues hautes en couleur avec quelques pointes de fluorescence, Baba Rossa, sa guitare boite à biscuit et son marimba « sexomouse », E=M303, son carillon électrique, Jemi Hemi Mandala, sa batterie et Mos Iocos, son clavier et son gamelan alliaient excentricité visuelle et auditive. Le public envouté par les psalmodies lovecraftiennes et les chorégraphies pseudo-robotiques a quitté les gradins pour danser au pied de la scène.

Dans un autre style, Quadrat:sch Extended featuring Zeena Parkins a débuté la soirée plus calmement. Pour sa seconde participation au festival, le cithariste autrichien, Christof Dienz s’était associé à la harpiste avant-gardiste new-yorkaise Zeena Parkins. Sept instrumentistes à vent et un percussionniste, qui officiait tel un flaviolaire dans une Sardanne, se sont prêtés à des expérimentations instrumentales organisées. Geste cyclique continu puis accéléré ou utilisation d’une ficelle pour faire vrombir guitare ou cimbalom, le public a découvert de nouveaux sons.

En guise d’« apéritif sonore », les spectateurs avaient déjà été initiés, par Allemands d’Atonor, à la « musique d’ameublement », émise par des instruments fabriqués à partir d’objets du quotidien. En filigrane du spectacle musical, une performance lumineuse a régalé les yeux dans la nuit des Kansomnou.

Article réalisé pour le journal La Marseillaise, extrait publié le 10 juillet 2012.